jeudi 12 octobre 2017

Jean-Marie BALLU à l'AFEF : Plus de bois dans les maisons plutôt que plus de maisons en bois

Paris, 12 Octobre 2017 - Telle a été la conclusion de Jean-Marie Ballu(1) lors de la réunion AFEF (2) du 12 octobre 2017  intitulée : « Un paradoxe français, une forêt sous-exploitée et un risque d'envol des constructions en bois importés ». Sur la base des très nombreux rapports réalisés sur la forêt et le bois et après le « rapport Puech » remis le 6 avril 2009 au Président de la République un constat s’impose : une sous-exploitation criante par la France de ses feuillus qui constituent pourtant 72% de la forêt française. Les résineux, en revanche, sont très exploités mais plus assez plantés depuis la disparition en 2000 du Fonds Forestier National (FFN).


Les importations de bois, notamment de Douglas, venus d’Europe centrale ou du nord, aux prix très concurrentiels, pèsent sur le solde de la balance commerciale française, et la tendance porteuse actuelle en faveur du développement du bois dans la construction, surtout depuis le Grenelle de l’environnement, profite avant tout aux sciages d’importation faute de capacité de transformation industrielle sur notre territoire, sans oublier le coût carbone du transport routier sur de longues distances.

Près de 50 % de la production biologique de la forêt française n'est pas utilisée et la récolte stagne depuis deux décennies alors que la production biologique a augmenté de 30 %. Les feuillus pourraient être davantage utilisés, non seulement en structure, ameublement et décoration mais aussi pour des panneaux massifs épais tel que le CLT.

« Le marché tire - ou devrait tirer - la forêt » : pour cela, il faut avant tout recréer auprès des consommateurs une envie de feuillus (chêne, hêtre , peuplier) et feuillus précieux que la forêt française peut fournir. précise Jean Marie BALLU en lançant plusieurs propositions concrètes pour y parvenir :

  • Redonner le goût des feuillus au public, aux consommateurs (par la pédagogie et une communication très ciblée), afin de recréer un marché  pouvant intéresser les industriels,
  • Moderniser nos filières forestières et  industrielles,
  • Mobiliser les bois français non récoltés, car ce sont  bien les ventes de bois qui font vivre la forêt, - et replanter des résineux et des peupliers pour  combler les trous de production attendus par un Fonds de reboisement et d'adaptation de la forêt au changement climatique (FRACC).
Trop recourir à la solution de facilité consistant à importer des résineux, est déstructurant pour la forêt française qui irait  vers une forêt  « protégée », plus impénétrable, et délaissée par l’économie, se reposant sur les forêts industrielles européennes.

Après les contentieux et crispations entre diverses filières, des démarches volontaires de coopération pourraient conduire à une incorporation volontaire et croissante de bois dans les constructions. Les complémentarités sont fortes avec le béton (soubassement, noyau central ...) et les autres matériaux tels que les briques, tuiles, ardoises etc.. Les industriels français multimatériaux pourraient envisager de venir aider cette filière soutenable en y contribuant au titre de la compensation carbone à espérer.

Jean-Marie BALLU conclut : « Mettre au cœur de sa maison un parquet de chêne ou un bel escalier en bois de pays, lui donne une âme ! un vrai plus qui valorise cette construction pour le futur et la fait monter en gamme ». Et à propos de l'augmentation du minimum de bois dans les constructions et pour utiliser plus les feuillus : « Mettre  plus de bois dans les maisons… ce n’est pas.... faire plus de maisons en bois ! ».



(1) Jean-Marie BALLU Jean-Marie Ballu, ingénieur général honoraire des Ponts des Eaux et des Forêts, a consacré une grande partie de sa carrière à la forêt avant de la terminer comme président de la section « eau» puis de la section « nature, forêt, paysages » du ministère de l’agriculture (et de la forêt) où il était en charge depuis 2006 du secteur "bois, produits forestiers et biomasse" et auteur du rapport "pour mobiliser la ressource de la forêt française" (novembre 2007 / Assises de la forêt).

(2) AFEF, Association Française des Eaux et Forêt, est une communauté de réflexion et d'échange entre tous les partenaires de la filière forêt bois disposés à la faire progresser. Elle a pris la suite de la Société des amis et anciens élèves de l'École nationale des Eaux et Forêts, association créée à Nancy en 1925 à l’occasion du centenaire de l’enseignement forestier, celui de l'École royale forestière créée en 1824. La cooptation sur présentation d’un parrain est la règle.L'AFEF est reconnue d'utilité publique depuis le 19 février 1937. La liste de ses activités et de ses contributions depuis 85 ans est considérable www.afef.fr