L'association Française des Eaux et Forêts (AFEF) a tenu son Assemblée Générale annuelle à l'Académie d'Agriculture à Paris ce 19 mars 2019. Elle a reçu, à cette occasion, le Président de la coopération forestière, Bertrand SERVOIS ainsi que Pierre-Olivier DREGE.
Association créée à Nancy en 1925, reconnue d'Utilité publique, l'AFEF est un club de réflexion et d'échanges entre les partenaires de la filière forêt bois.
Ouverture de la séance à l'Académie d'Agriculture, de G à D,
JM Ballu, la Vice-pte G. Rey, et Gérard Tendron. Cliché P. Lacroix
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Dans son rapport moral le Président
Jean-Marie Ballu a rappelé que la forêt française couvre le tiers du territoire et que la filière compte près de 60.000 entreprises, offre 440.000
emplois (comme la filière vinicole) pour un chiffre d’affaires de 60
milliards d’€.
L’AFEF
s’est félicité de la confirmation
du Comité Stratégique de Filière Bois. De grands projets de
construction sont lancés, mais encore trop avec des bois d’importation alors
même que notre forêt est toujours sous-exploitée à 50 %. Nous avons toujours
pensé que l’aval industriel, tirait ou devait tirer l’amont forestier. C’est bien le cas pour le bois-énergie, mais moins pour le bois construction.
La profession demande des résineux que nous n’avons
pas toujours. Notre forêt doit certes s’adapter, mais elle
pousse lentement. Elle doit reprendre ses plantations en résineux demandés par la profession, trop en recul
depuis la suppression du FFN. Mais simultanément nos industriels devraient, nous l’espérons, poursuivre
les innovations, rechercher et inventer de nouveaux processus pour pouvoir utiliser
et transformer ce que la forêt apporte aujourd’hui, ce qui lui étaient précédemment
demandés.
Les forestiers ont préparé des arbres de qualité, d’essences nobles, de
gros diamètre… et aujourd’hui la demande a changé - résineux en petits
diamètres pour canter - mais dans un futur proche tout sera peut-être broyé
pour faire du bois reconstitué ou de la matière première pour la xylochimie. La prospective forestière
s’est toujours révélée une tâche impossible. L’industrie et la forêt ne sont
pas dans la même échelle de temps.
Il y a un risque de découplage entre notre forêt, telle qu’elle
est, et l’industrie et sa demande croissante de résineux venant alors parfois
trop de l’étranger. Le bois est un excellent éco matériau, encore
faut-il ne pas oublier le coût CO2 global d’une construction
en y intégrant le transport sur de longues distances. Notre forêt dispose de
bois local, sachons l’utiliser.
Malgré un climat
de récession dans la construction, le bois bénéficie de plus en plus de courants
porteurs, ceux de la transition écologique. Les collectivités y sont sensibles
et l’État a pris des engagements forts en termes de carbone ; cela devrait
se traduire dans les prochains mois par le développement du bois dans le
bâtiment, dont le village olympique 2024 pourrait être un exemple.
Enfin la
création de nouvelles lignes de production de CLT en France, donc avec du bois
de nos forêts, progresse. Le
carbone forestier avec les plantations devrait devenir un enjeu de la
transition.
Pour
faire avancer ces réflexions sur la filière, l’AFEF avait organisé un grand colloque
« Pour un essor de la filière
forêt-bois » il y a 2 an et demi au Palais du Luxembourg. Elle en a
tiré « 10
propositions pour un essor de la filière forêt-bois », remises le 26 mars 2018 à
la Présidence de la République, ainsi qu’à sept ministres, puis aux membres des groupes parlementaires
« forêt » du Sénat et de l’Assemblée nationale, à la presse et à la profession.
Le 23 mai 2018 l’AFEF a alors été invitée à Matignon et le chef de cabinet
du Président de la République a adressé
une lettre précise. Les ministres
Julien Denormandie et Sébastien Lecornu ont également écrit à l’AFEF comme
plusieurs parlementaires des groupes forêt-bois. Enfin l’AFEF a été reçue par Sylvie Alexandre, responsable interministérielle,
puis le 21 décembre 2018, par Nathalie Barbe, conseillère du nouveau Ministre
de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume.
Dans l’actualité plus récente, l’AFEF a tenu à rappeler que la forêt
française est l'une des grandes solutions pour lutter contre le changement
climatique. En outre elle est le vrai réservoir de
biodiversité en France, tout en produisant du bois : écomatériau et
écocombustible. Le Grenelle de l'environnement s'était justement conclu
par "récolter plus, en protégeant mieux la biodiversité".
Au cours de cette AG, Bernard Gamblin, Secrétaire général, présenta le
Rapport d’activité et Jean-Pol Gérard, trésorier,
le rapport financier, tous approuvés à l’unanimité.
Enfin
à l’issue de cette assemblée statutaire, Bertrand
Servois président de l’UCFF, et Pierre-Olivier Drège, ont brillamment
présenté la Coopération forestière
en France (un compte-rendu détaillé sera présenté prochainement).